« Ce qu’on a vu en Pennsylvanie, aucun Québécois ne voudrait vivre ça ! »
Par Nathalie Paquin
Le week-end dernier, près de soixante personnes se sont rendues en Pennsylvanie constater les résultantes provoquées par 15 ans d’exploitation du gaz de schiste dans cet État américain. À leur retour, ils ont tenu à faire le bilan au Presse Café de Mont-Saint-Hilaire. Ils se disent mieux informés, mais aussi inquiets, voire bouleversés, par ce qu’ils ont vus et entendus.
Serge Fortier, porte-parole du Comité interrégional du gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent, estime que le message des Pennsylvaniens lancé aux Québécois est clair : « N’embarquez pas là-dedans ! ».
Rempli à pleine capacité, l’autobus transportait quelque 55 personnes, dont 18 Montégériens. Des gens ayant entendu parler du voyage et qui ont un intérêt pour le sujet, mais qui ne militent pas nécessairement dans les comités de citoyens.
Parmi eux se trouvait un homme perplexe qui a déjà signé avec une industrie gazière pour le forage d’un puits sur son terrain et dont on dit qu’il aurait été mal informé des conséquences futures.
« Ce qu’on a vu en Pennsylvanie, sur le terrain, aucun Québécois ne voudrait vivre ça !, s'exclame Serge Fortier. C’est la détresse humaine, un génocide social et environnemental qu’on est allé voir. Et ça, on n’en entend pas beaucoup parler, parce que même l’industrie cherche à étouffer ça en achetant les gens en faisant signer des ententes de confidentialité et en leur donnant quelques dollars. »
M. Fortier enchaîne en expliquant que beaucoup de gens acceptent ces montants parce que l’industrie s’installe dans des zones déjà appauvries. Il ajoute que lorsque le puits d’eau potable d’une maison devient inutilisable parce que contaminé en raison des activités de l’industrie, « le fardeau de la preuve est encore sur le dos du citoyen, qui n’a pas les moyens de pouvoir poursuivre ou de faire tous les tests pour affirmer que c’est l’industrie qui a pollué leur puits ».
Serge Fortier relate le cas d’une dame de 29 ans, rencontrée au cours du voyage, qui a développé des problèmes de santé en raison du benzène retrouvé dans l’eau. « Aujourd’hui, sa maison qui valait 160 000 $ en vaut 9000 $. Elle n’est pas capable de la vendre. Même si elle voulait sortir de la région où elle est en train de se faire empoisonner, elle n’a pas assez d’argent pour s’acheter une autre maison plus loin. »
La prochaine étape pour les opposants à l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent réside en la continuité à récolter toutes informations pertinentes sur le sujet et lui donner la plus large diffusion possible, via notamment les divers comités de vigilance de citoyens. « On doit s’organiser pour avoir une voix forte », conclut M. Fortier.
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