Tragédie à Baltimore
Les ponts canadiens sont sécuritaires, rassurent les autorités
Par La Presse Canadienne
Les autorités canadiennes ont tenté de rassurer le public sur la sécurité des ponts du pays à la suite de l'effondrement d'un pont à Baltimore, dans le Maryland, tôt mardi matin, après qu'il ait été percuté par un porte-conteneurs.
Halifax Harbour Bridges, qui exploite les deux ponts traversant le port entre Halifax et Dartmouth, a déclaré avoir pris des mesures pour atténuer les risques de collisions entre les navires et les ponts. La société d'État affirme être avisée par l'autorité portuaire chaque fois qu'un navire commercial doit passer sous les travées.
«Le personnel de patrouille des ponts assure une surveillance physique des ponts lorsque les navires passent, et une série complexe de caméras surveillent et enregistrent le transit», a indiqué l'entreprise dans un communiqué de presse.
De plus, les îlots rocheux construits autour des piliers des ponts en 1983 offrent une protection supplémentaire, a précisé Halifax Harbour Bridges.
Des îlots rocheux ou d'autres structures de protection semblent avoir disparu des piliers du pont Francis Scott Key à Baltimore, a expliqué Bruno Massicotte, professeur d'ingénierie à Polytechnique Montréal.
Il s'est dit surpris que les piliers du pont n'aient pas été protégés pour absorber l'énergie d'une éventuelle collision avec un navire.
«Lorsque vous avez un pilier de pont dans une voie navigable, il doit être protégé contre les impacts des navires», a affirmé M. Massicotte, en entrevue mardi.
Le moyen le plus simple d'y parvenir est d'entourer une jetée de béton, d'acier ou de roches, qui peuvent absorber l'énergie d'une collision potentielle et empêcher un navire de heurter le pont lui-même, a-t-il détaillé. Le code des ponts du Canada exige que les piliers soient protégés de la même manière s'ils sont considérés comme vulnérables aux collisions avec des navires.
«Un pilier de pont n'est pas conçu pour résister à ce genre d'impact, c'est pourquoi nous mettons les choses à l'eau», a-t-il affirmé.
Le ministère des Transports du Québec, responsable de plusieurs ponts enjambant le fleuve Saint-Laurent, a déclaré avoir protégé les piliers du seul pont sous sa juridiction jugé à risque d'être heurté par des navires commerciaux, soit le pont Laviolette, reliant Trois-Rivières à Bécancour.
En Colombie-Britannique, le ministère des Transports et de l'Infrastructure a indiqué que des plans étaient en cours de conception pour protéger le pont Lions Gate et le pont Ironworkers Memorial, qui relient tous deux Vancouver aux banlieues voisines, contre les collisions avec des navires.
«Nous améliorons la collerette en béton existante à la base de la tour sud du pont Lions Gate avec une berme en enrochement dans l'eau, a précisé le ministère dans un communiqué envoyé par courriel. La tour nord en possède déjà une. Nous installerons également des structures de déflexion dans l'eau au pont Ironworkers Memorial.»
Elena Dragomirescu, professeure d'ingénierie à l'Université d'Ottawa, a indiqué que n'importe quel pont, quel que soit son âge, pourrait s'effondrer s'il était heurté par un gros cargo.
«Les ponts ont besoin que tous les composants fonctionnent ensemble. Si l'un des composants est endommagé, ou s'effondre dans ce cas, alors le pont tout entier est en danger», a-t-elle expliqué mardi, en entrevue.
Toutefois, il est rare que des ponts s'effondrent parce qu'ils sont heurtés par des navires, a-t-elle ajouté. Mme Dragomirescu s'inquiète davantage de l'intégrité structurelle des ponts qui se dégradent au Canada et qui pourraient s'effondrer en raison d'un manque d'entretien, comme ce fut le cas en 2006 à Laval, lorsqu'un pont autoroutier s'est effondré, ce qui a causé la mort de cinq personnes.
— Avec des informations de l'Associated Press
Jacob Serebrin, La Presse Canadienne
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