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Augmentation de la popularité dans les bibliothèques

Le Portrait national des bibliothèques publiques fait état de disparités régionales

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22 octobre 2024
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Par La Presse Canadienne

Les bibliothèques publiques ont la cote auprès de la population, mais la plupart des municipalités peinent à répondre à la demande alors que certaines ont même coupé dans les acquisitions de livres.

L’Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ) et le Réseau Biblio du Québec publient ce mardi le troisième Portrait national 2024 des bibliothèques publiques du Québec qui donne une note globale de 66 % au réseau. L’évaluation se base sur cinq grands critères, soit les dépenses d’acquisition de livres, les heures d’ouverture offrant le plus grand accès possible, les ressources humaines, la superficie adéquate et le nombre de places assises en fonction de la population.

Baisse de 20 % des acquisitions

En entrevue avec La Presse Canadienne, la directrice générale de l’Association, Ève Lagacé, ne cache pas avoir été déçue de constater que les municipalités ont été moins généreuses avec leurs bibliothèques. «Il y a un indicateur qui allait plutôt bien, les acquisitions, pour lequel on a observé une baisse quand même considérable. Ça s’est quand même dégradé de 20 % entre les deux années (2022 et 2023). On a quand même été surpris. On avait les échos dans le milieu que certaines municipalités réduisaient leurs dépenses en développement de collection ou d'achat de livres et puis là, ça s'est avéré encore plus grave que ce que l'on croyait.»

Or, prend-elle soin de rappeler, les bibliothèques publiques sont le service municipal et culturel le plus utilisé au Québec. «Le taux de fréquentation dans les bibliothèques est vraiment énorme. Année après année, on a près de trois millions d'usagers qui sont inscrits dans les bibliothèques et pour ce qui est de la fréquentation, on est à près de 30 millions de visites par année. C'est loin devant les arénas, loin devant les parcs.»

Le Québec «loin derrière»

Le Portrait 2024 est réalisé avec des indicateurs qui lui sont propres, mais Mme Lagacé note que certains de ces indicateurs permettent des comparaisons desquelles le Québec ne sort pas gagnant.

«Quand on prend les indicateurs précis et qu'on compare avec le Canada anglais et les États-Unis, nous sommes définitivement loin derrière la Colombie-Britannique et l'Ontario. Et de façon globale aux États-Unis ils ont des services de bibliothèque bien établis avec une utilisation importante de façon historique.

«Du côté des ressources humaines, poursuit-elle, si on se compare avec la Colombie-Britannique et l'Ontario, on est au tiers des équipes, au tiers du nombre de ressources humaines qu'ils ont au prorata de la population. Donc c’est quand même considérable et ça influence la qualité des services.»

Montréal dans un monde à part

Le résultat global de 66 % issu du Portrait national, c’est à peine la note de passage, mais c’est surtout une moyenne qui cache de vastes disparités entre les régions. Le région de Montréal, la seule à obtenir une cote globale maximale de 5 avec un score de 94 %, se classe solidement en tête de ce palmarès, mais il y a quelques surprises dans les régions qui suivent. Ainsi, six régions obtiennent la cote 4, soit, dans l’ordre: la Côte-Nord (85 %), les Laurentides (80 %), le Nord-du-Québec (79 %), le Bas-Saint-Laurent (72 %), Lanaudière (71 %) et l’Abitibi-Témiscamingue (69 %).

À l’opposé, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean présente le pire résultat, à 50 %, et est de ce fait la seule région qui obtient la cote 2. Toutes les autres régions ont une cote globale de 3.

Sans être première pour chacun des critères, Montréal se classe tout de même au sommet de la pyramide dans toutes les catégories évaluées, que ce soit du côté des acquisitions (89 %, cote 5) où, étonnamment, seul le Nord-du-Québec (83 %) obtient également la cote 5. La région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (48 %), l’Outaouais (51 %) et Laval (52 %), ferment la marche.

La Côte-Nord et le Nord-du-Québec étonnent

La région de Laval (39 %) se retrouve même en dernière place pour ce qui est de la superficie offerte, assez loin derrière l’Estrie, qui ne montre qu’un maigre 51 %. Les meilleurs en termes de superficie sont la Côte-Nord (97 %), le Nord-du-Québec (85 %), l’Abitibi-Témiscamingue (84 %) et Montréal (82 %). On ne s’étonnera pas qu’en ayant un grand retard en termes de superficie, Laval soit également la région qui arrive bonne dernière (34 %) en termes de places assises. Elle est d’ailleurs la seule région à afficher une cote de 2 dans ce critère d’évaluation alors que toutes les autres régions ont une cote de 4 ou de 5.

Pour ce qui est des heures d’ouverture, le Nord-du-Québec et Laval obtiennent tous deux la note parfaite de 100 % avec Montréal tout près derrière à 97 %. Les régions de Chaudière-Appalaches (31 %), Saguenay-Lac-Saint-Jean (33 %) et Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (39 %) ferment la marche.

Manque de personnel

Ces résultats sont directement reliés à la question des ressources humaines, les notes les plus basses en matière d’heures d’ouverture étant reflétées par le manque de personnel. Ainsi, les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean (14 %) et de Chaudière-Appalaches (18 %) affichent une cote de 1 côté ressources humaines, alors qu’une cote de 2 est attribuée à celles de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (19 %), mais aussi de l’Estrie (21 %), de la Capitale-Nationale (24 %), la Mauricie et le Centre-du-Québec (tous deux 26 %), Lanaudière (34 %) et la Montérégie (35 %). Les régions de Montréal (91 %) et de la Côte-Nord (86 %) sont les seules à mériter la cote 5.

De manière plus pointue, seules les régions de Montréal, du Nord-du-Québec, de la Côte-Nord et de l’Abitibi-Témiscamingue recueillent des cotes de 4 ou 5 pour le nombre de techniciens en documentation, alors que du côté des bibliothécaires, la situation est pénible partout sauf à Montréal, qui obtient encore là une cote de 5, mais l’ensemble des autres régions ne peuvent faire mieux que des cotes de 1 ou 2.

Des emplois d'avenir

«À partir du moment où on ouvre une bibliothèque, les citoyens sont toujours au rendez-vous et, donc, on a besoin d'avoir des professionnels, des techniciens pour soutenir ce développement et offrir des services de qualité. Les emplois de techniciens en documentation, de bibliothécaires, je vous dirais que oui, ce sont définitivement des métiers, des professions d'avenir», soupire Ève Lagacé, qui précise que dans certaines régions, des postes de bibliothécaires ont été affichés durant des mois sans trouver preneur.

Enfin, au-delà de tous ces critères d’évaluation, le Portrait présente quelques statistiques intéressantes, notamment que le Québec compte 1033 bibliothèques publiques desservant 96,7 % de la population. Ce que cela signifie, évidemment, c’est que 3,3 % de la population n’a pas accès à une bibliothèque publique. En fait, pas moins de 192 municipalités n’ont pas de bibliothèque publique sur leur territoire ni même d’arrangement avec une municipalité voisine qui pourrait offrir le service.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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