Construire au féminin

Par Isabelle Laramée
Ancienne chasse gardée des hommes, le domaine de la construction se féminise tranquillement. Des chantiers aux bureaux, en passant par l’atelier, les femmes font leur place et brisent les stéréotypes. Loin de se sentir jugées, elles s’affirment et usent de force et d’adresse.
« Si un homme me voit lui donner une palette de planches ou décharger un camion, il reste souvent surpris. Pour eux, c’est toujours une femme qui s’occupe du bureau. Elles sont rarement sur les chantiers. Ils s’attendent moins à ce que nous soyons manuelles », lance Fannie Verrier, propriétaire des Planchers Olauva, à Mont-Saint-Hilaire.
Être une femme dans ce milieu majoritairement masculin comporte toutefois plusieurs avantages, notamment lorsqu’il est question de conflit. Selon Mme Verrier, les hommes ont tendance à être plus courtois envers les femmes et s’adoucissent un peu lorsque vient le temps de discuter.
Le souci du détail
Ginette Paquette, présidente des Habitations Harmonie, à Saint-Hubert, aime s’entourer de femmes pour ses nombreux projets de construction. « Les femmes peuvent apporter plus de structure et de finesse dans la finition des immeubles que l’on construit. Autant pour le service après-vente que dans l’exécution même du projet », dit-elle.
Pour Mme Paquette, la présence de femmes est un complément dans ce milieu d’hommes et permet de peaufiner le produit offert. Elle cite en exemple l’augmentation de l’espace de rangement dans les condos et l’agrandissement des balcons afin que la table n’occupe pas toute la place. « C’est comme si on avait mis des femmes où il y avait des lacunes », remarque-t-elle.
Les femmes font aussi partie de l’équipe travaillant à l’atelier d’ébénisterie d’ACMÉ Décors. Marteau à la main, elles représentent une grande part de la main d’œuvre. « Elles ont le souci du détail et le sens de l’organisation comparativement aux hommes. Ce sont deux intelligences qui se complètent bien dans le cadre d’un métier non traditionnel », souligne Luc Mantha, directeur général et directeur du développement de l’entreprise beloeilloise.
Bien qu’il existe encore des moments où les femmes soient ostracisées, Marie-Claude Rocheleau, chargée de projet pour les Constructions Jasmont de Beloeil, dit ne pas vivre d’intimidation au quotidien. « Je ne pense pas être jugée. Ce n’est pas une question de sexe, mais plutôt une question d'habileté et de performance. »
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