Un Autochtone du Manitoba est acquitté d'un meurtre 50 ans après le verdict
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Par La Presse Canadienne, 2024
WINNIPEG — Un Manitobain qui avait été condamné pour meurtre il y a 50 ans a été acquitté jeudi.
Clarence Woodhouse avait été reconnu coupable en 1974 d’avoir battu et poignardé à mort l'employé d’un restaurant du centre-ville de Winnipeg. Il avait obtenu une libération conditionnelle en 1983 et il a déposé l’année dernière une demande de révision ministérielle de sa condamnation.
Ses avocats ont fait valoir que M. Woodhouse aurait fait à l'époque des aveux en anglais, alors que sa langue principale est le saulteux, un dialecte ojibwé.
Le ministre fédéral de la Justice a ordonné en juillet dernier un nouveau procès et la Couronne a reconnu jeudi devant le tribunal de Winnipeg qu'il s'agissait effectivement d'une erreur judiciaire.
Le juge en chef de la Cour du Banc du Roi du Manitoba, Glenn Joyal, a estimé jeudi que la discrimination systémique avait affecté l’enquête policière et la décision de porter des accusations.
Deux autres hommes condamnés pour ce meurtre, Brian Anderson et Allan Woodhouse, avaient aussi vu leurs condamnations annulées l’année dernière, après qu’un nouveau procès a été ordonné et que la Couronne a demandé leur acquittement.
Brian Anderson a purgé près de 11 ans de prison et il a obtenu une libération conditionnelle totale en 1987. Allan Woodhouse a purgé 23 ans de prison.
Un quatrième homme condamné dans cette affaire, Russell Woodhouse, est mort en 2011.
James Lockyer, avocat et directeur d'Innocence Canada, a déjà déclaré qu'il faudrait réexaminer les condamnations pour homicide impliquant des Autochtones au cours des cinq dernières décennies au Manitoba.
Jerome Kennedy, un autre avocat de cet organisme, a déclaré jeudi à l'extérieur du tribunal qu'Innocence Canada travaillait également sur des cas impliquant des Autochtones en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario, qui s'orientent vers une demande de révision par le ministre fédéral de la Justice.
Me Kennedy aimerait voir une initiative nationale pour s'attaquer aux condamnations injustifiées. «Il semble y avoir un problème systémique plus profond qui nécessite une approche ciblée», a déclaré Me Kennedy.
Steve Lambert, La Presse Canadienne