Reçu par le premier ministre français à Matignon, Legault compte parler d’immigration
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Par La Presse Canadienne, 2024
PARIS — Le premier ministre du Québec, François Legault, qui est reçu jeudi matin à l’Hôtel de Matignon par son homologue français fraîchement entré en poste, Michel Barnier, entend discuter d’immigration lors de l'entretien.
M. Legault, qui est le premier chef de gouvernement que M. Barnier reçoit à Matignon, a été accueilli avec les grands honneurs. Tout le faste d'un tel événement a été déployé pour l'occasion: tapis rouge et garde républicaine alors que sa voiture faisait son entrée dans la cour d'honneur.
Avant le début de l'entretien, M. Barnier a convenu qu'il s'agit d'une rencontre «très importante».
Le Québec est un endroit qui «est cher» à M. Barnier, a déclaré un de ses porte-parole à La Presse Canadienne, et c'est «un partenaire clé pour la promotion et la défense de la francophonie».
Mercredi soir, lors d’une entrevue en direct à TV5 Monde, M. Legault a précisé que le thème de l'immigration — qui semble central à sa visite — sera abordé dans ses échanges avec M. Barnier, comme ça a été le cas la semaine dernière avec le président français Emmanuel Macron.
Les Québécois ont «exactement le même sentiment» que les Français d'être «un peu bousculés par le nombre» d'immigrants, a-t-il dit.
Et l'anglais est «une vraie menace», a-t-il affirmé en reprenant les mots du présentateur. C'est pour cela que l'enjeu de la découvrabilité des contenus francophones sur les plateformes numériques sera un thème important du Sommet de la Francophonie qui s'ouvrira vendredi au château de Villers-Cotterêts, en banlieue de Paris.
«Si on dit aux nouveaux arrivants: "vous pouvez parler la langue que vous voulez", en Amérique du Nord, c'est tentant de dire: "je vais aller sur Internet, je vais aller sur Netflix, sur Spotify, puis toute ma vie va se passer en anglais", a dit M. Legault. Ça veut dire que dans 25 ans, dans 50 ans, qu'est-ce qu'il restera du français à Montréal?»
M. Barnier a déclaré mardi dans son discours inaugural au Parlement qu'il veut «mieux contrôler» le nombre de personnes venant en France et a proposé de «faciliter» la détention des étrangers qui séjournent illégalement dans le pays en attendant la mise en œuvre des ordres d’expulsion.
Le même jour, en mêlée de presse, M. Legault tout juste arrivé dans l'Hexagone avait demandé à Ottawa d'instaurer des «zones d'attente» pour les demandeurs d'asile comme il se fait en France et même de les déplacer dans d'autres provinces.
En France, un étranger arrivant par bateau, train ou avion peut être placé en zone d'attente à la frontière s'il demande l'asile, si l'entrée lui est refusée ou si l'embarquement vers le pays de destination finale lui a été refusé. Cela peut durer jusqu'à 26 jours.
Mercredi, M. Legault a renchéri avec une nouvelle demande. Selon lui, Ottawa devrait carrément forcer la moitié des 160 000 demandeurs d'asile présents au Québec à déménager dans d'autres provinces, ce qui a provoqué l'indignation du gouvernement fédéral qui l'accuse de tenir des propos presque «inhumains».
Avant de se rendre à Matignon, au troisième jour de sa mission en France, M. Legault a fait un passage au siège social du géant français de l’aéronautique Safran. L'entreprise compte plus d'un millier d'employés au Québec et son grand patron a déclaré en accueillant le premier ministre qu'il envisage d'installer un site à Coteau-du-Lac, en Montérégie.
Lors de cette journée, M. Legault se rendra au siège de l'UNESCO, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, afin d'y prononcer un discours.
Il est également attendu au forum économique FrancoTech organisé par le Sommet de la Francophonie, qui rassemble des entrepreneurs francophones.
En soirée, il s'entretiendra avec des représentants du groupe d'électronique français THALES. Puis, le dernier élément de son programme sera une rencontre avec l'ancien premier ministre français Gabriel Attal qu'il avait reçu au Québec le printemps dernier.
— Avec des informations de l'Associated Press
Michel Saba, La Presse Canadienne