Le défilé de la Fierté de Toronto perturbé par une manifestation: le directeur «déçu»

TORONTO — Le directeur exécutif de Pride Toronto se dit «très déçu» que des manifestants pro-palestiniens aient forcé l'interruption du défilé annuel de dimanche, arguant que répondre à leurs revendications priverait la communauté LGBTQ+ de la ville d'un soutien essentiel.

Kojo Modeste a déclaré dans une entrevue que Pride Toronto avait publié plusieurs déclarations exprimant son soutien aux Palestiniens LGTBQ+ et aux civils de Gaza dévastés par la guerre Israël-Hamas.

M. Modeste a ajouté qu'il n'approuvait pas les actions des manifestants qui se sont rassemblés près de l'intersection de Yonge et Wellesley et bloqué le parcours du défilé, certains brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Pas de fierté dans le génocide» et «Stop au pinkwashing», tout en scandant «Palestine libre».

«Je n'ai pas été choqué. Mais j'ai été très déçu», a déclaré Kojo Modeste.

«La fierté étant une manifestation, je pense que c’est quelque chose qui peut arriver à tout moment. Mais pour moi, cela doit être fait avec respect. Cela doit se faire de manière pacifique et ne doit pas gêner les autres personnes souhaitant profiter et célébrer la fierté», a-t-il ajouté.

Le défilé de dimanche a commencé à 14 heures, alors que de grandes foules se sont jointes à l'un des plus grands événements de la fierté au Canada, sifflant, frappant des tambours, marchant et agitant des drapeaux dans le centre-ville de Toronto.

Quelques heures plus tard, la police de Toronto a publié sur les réseaux sociaux qu'une manifestation avait provoqué des perturbations. Pride Toronto a ensuite annoncé que le reste du défilé avait été annulé, invoquant des problèmes de sécurité.

Revendications

M. Modeste a déclaré que la décision d'annuler le défilé avait été prise après que lui et un groupe d'anciens de la communauté LGBTQ+ eurent approché les manifestants, qui ont expliqué qu'ils ne bougeraient pas à moins que Pride Toronto ne réponde à leurs demandes.

Les manifestants, qui se font appeler la Coalition contre le Pinkwashing, ont exigé que Pride Toronto rompe ses liens avec les entreprises qui, selon eux, profitent de l'offensive israélienne à Gaza.

Kojo Modeste a rétorqué que les entreprises canadiennes jouent un rôle important dans le soutien de la communauté LGBTQ+ en soutenant les événements de la Fierté et en finançant des programmes sociaux. La perte de ces services serait «très décourageante», a déclaré M. Modeste.

Le groupe de protestation a également exigé que Pride Toronto supprime la présence policière de ses événements, mais M. Modeste a souligné que Pride «n'a pas d'autre choix» que de travailler avec la police pour fermer les rues et accueillir des milliers de visiteurs.

Peu de pouvoir

Kojo Modeste ne croit pas que perturber le défilé soit le moyen le plus efficace d’apporter des changements.

«Pride Toronto ne peut pas, et n'a pas le pouvoir de réellement apporter des changements à ce que nous voyons se produire (à Gaza)», a déclaré le directeur.

«Les politiciens, les législateurs, ce sont eux qui ont une certaine autorité pour aider à apporter certains de ces changements. (...) Je crois que les groupes ici ciblent certaines des mauvaises institutions. Et j'espère que nous pourrons voir plus de dialogue avec les législateurs », a-t-il poursuivi.

Il a ajouté que Pride Toronto est «plus qu'heureux» d'avoir un dialogue ouvert avec les manifestants pour entendre leurs préoccupations.

M. Modeste a déclaré que malgré les perturbations, Pride Toronto a reçu des commentaires positifs de la communauté LGBTQ+ à propos du festival de cette année.

Rianna Lim, La Presse Canadienne