Hausse des cas de cancer du col de l'utérus, car ils sont détectés trop tard
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les plus récentes données canadiennes montrent que le cancer du col de l’utérus est maintenant celui dont l’incidence augmente le plus rapidement chez les femmes. Le dépistage demeure la meilleure façon de prévenir ce cancer qui est évitable lorsque détecté au stade précancéreux.
Après avoir diminué pendant trois décennies, l'incidence du cancer du col de l'utérus a augmenté de 3,7 % par année entre 2015 et 2019, selon la Société canadienne du cancer (SCC). Il s'agit de la première augmentation d’importance depuis 1984.
La SCC estime que 1600 Canadiennes recevront un diagnostic de cancer du col de l’utérus dans une année et que 400 en mourront. «Ils sont souvent trouvés trop tardivement», déplore la gynécologue Céline Bouchard.
«Il y a de plus en plus de cas et les cas sont plus avancés, constate-t-elle. Et c'est dommage quand on sait que ça se guérit quand c'est un précancer, ça se traite facilement.»
Avec la vaccination et le dépistage, il serait possible de pratiquement éradiquer le cancer du col de l'utérus.
Il est le troisième cancer en importance chez les femmes de 40 à 44 ans, a indiqué la gynécologue. «C'est dommage parce que c'est le seul cancer qui se prévient. Les autres, ils ne se préviennent pas», souligne-t-elle, précisant qu'il est quand même possible d'agir sur des facteurs de risque comme le tabagisme pour les autres cancers.
De plus, les coûts pour la société augmentent aussi lorsqu'il est détecté trop tard, entre autres pour des traitements de radiothérapie, chimiothérapie et des chirurgies invasives.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la hausse des cas du cancer du col de l'utérus, selon Dre Bouchard. D'abord parce que beaucoup de Québécoises n'ont pas accès à un médecin de famille qui va assurer un suivi de la fréquence du dépistage.
Aussi, il n'existe pas de registre. «Les femmes ne reçoivent pas de lettre comme pour le cancer du sein, se désole Dre Bouchard. Ça va faire 40 ans que les gynécologues demandent au ministère [de la Santé] de faire un registre des patientes et d'envoyer des lettres. Comment voulez-vous que les gens se souviennent quand ils ont eu leur test de dépistage quand ça va être aux cinq ans? Déjà aux trois ans, ils ne s'en souviennent à peu près jamais. Ce n'est pas facile de retenir tout ça.»
Contrairement au Pap test, qui doit être effectué aux deux ou trois ans, le nouveau test VPH sera effectué tous les cinq ans.
Abandon du Pap test trop lent
En mai 2022, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, annonçait que le test VPH serait implanté comme test de dépistage primaire du cancer du col de l'utérus suivant les recommandations de l’INESSS.
Le test VPH est beaucoup plus précis que le Pap test, souligne Dre Bouchard. C'est relativement la même procédure pour la patiente, c'est-à-dire que la gynécologue passe sur le col de l'utérus avec un instrument pour récolter des cellules.
Avec le test VPH, l'échantillon est mis dans un liquide qui sera analysé. Si le test est positif, le même prélèvement peut servir à l’examen de suivi des cellules.
Cela permet de détecter la présence de VPH à haut risque qui peuvent mener au développement de lésions précancéreuses et si elles ne sont pas traitées, mener au cancer du col de l’utérus.
Selon le site web du ministère de la Santé, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, Chaudière-Appalaches et Lanaudière sont les seules régions à offrir le test VPH.
«Le ministre nous a annoncé ça en 2022 qu'on transférait [au test] VPH, mais à l'heure actuelle, il y a seulement quatre régions qui ont converti au [test] VPH. Ce sont les régions les moins peuplées», déplore Dre Bouchard.
Avec le test VPH, «on ne perd pas de cas qui seraient positifs et qui ne seraient pas détectés [avec le Pap test]» et il permet de détecter 14 types précancéreux. «C'est le meilleur test à avoir», souligne la docteure.
En juin 2024, le ministère de la Santé a fait savoir dans une réponse écrite à La Presse Canadienne que l’objectif est toujours de remplacer le test Pap par le test VPH dans toutes les régions du Québec d’ici 2026.
Il a donné comme explication au délai du déploiement que le nouveau test exige l’acquisition et l’installation d’équipement spécifique.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne