Des textos incriminants révélés au procès pour trafic d'êtres humains à la frontière
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Par La Presse Canadienne, 2024
FERGUS FALLS — Le procès de deux hommes accusés de trafic d'êtres humains examine des messages textes qui, selon l'accusation, prouvent que la paire a conspiré pour faire passer des personnes en douce à travers la frontière entre le Canada et les États-Unis.
Steve Shand et Harshkumar Patel ont plaidé non coupables des accusations d'organisation de plusieurs traversées illégales de ressortissants indiens du Manitoba vers le Minnesota fin 2021 et début 2022.
Au cours d'une de leurs opérations présumées, une famille de quatre personnes est morte de froid juste au nord de la frontière dans une tempête de neige.
Le procès a vu des textos et des messages sur les réseaux sociaux envoyés entre deux téléphones portables enregistrés au nom de Steve Shand et un numéro de téléphone qui correspond à celui que Harshkumar Patel avait soumis lorsqu'il avait demandé la résidence aux États-Unis.
Lors d'un échange en décembre 2021, un message du téléphone de M. Shand disait qu'il faisait «froid comme l'enfer» («cold as hell»), suivi de «Ils seront en vie quand ils arriveront ici ?» L'autre téléphone a répondu qu'ils enverraient leur position.
Un analyste criminel du département américain des enquêtes de la sécurité intérieure a montré d'autres messages extraits des relevés téléphoniques ainsi que des dépôts bancaires qui montraient que de l'argent était déposé sur un compte appartenant à Steve Shand et à sa femme.
Ses avocats ont déclaré qu'il n'était qu'un simple chauffeur de taxi qui ignorait qu'il faisait quoi que ce soit d'illégal jusqu'au jour où la famille de quatre personnes est décédée.
Les avocats de Patel ont déclaré qu'il avait été identifié à tort comme participant au trafic d'êtres humains.
Le 19 janvier 2022, la patrouille frontalière américaine a arrêté M. Shand juste au sud de la frontière. Il conduisait une camionnette avec deux personnes en provenance de l'Inde à l'intérieur. Cinq autres migrants ont rapidement émergé d'un champ, l'un d'eux souffrant d'hypothermie grave à des températures qui semblaient plus froides que -30 C avec le vent.
Quelques heures plus tard, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a trouvé les corps gelés d'une famille - Jagdish Patel, 39 ans, sa femme, Vaishaliben Patel, 37 ans, leur fille de 11 ans, Vihangi, et leur fils de trois ans, Dharmik. Les Patel n'avaient aucun lien de parenté avec l'accusé qui porte le même nom de famille.
Le corps du garçon était encore dans les bras de son père.
Le procès a entendu le témoignage de Rajinder Paul Singh, qui a dit avoir travaillé comme passeur d'êtres humains pendant huit ans, principalement pour faire traverser des personnes de la frontière entre la Colombie-Britannique et l'État de Washington, pour un homme nommé Fenil Patel, qui n'est pas non plus apparenté à la famille décédée.
M. Singh a témoigné que Fenil Patel lui avait dit qu'il avait reçu un appel téléphonique de la famille décédée, et que la famille avait dit qu'il faisait trop froid pour continuer. Le témoin a déclaré que Fenil Patel avait dit à la famille de faire demi-tour et qu'il demanderait à quelqu'un de venir les chercher là où ils avaient commencé, mais c'était un mensonge, car il n'y avait personne pour les récupérer.
Les autorités indiennes ont déclaré l'année dernière qu'elles travaillaient à l'extradition de Fenil Patel et d'un autre Canadien pour qu'ils soient inculpés dans ce pays.
Le témoignage de M. Singh pour l'accusation a été contesté par les avocats de la défense, qui ont suggéré qu'il coopérait dans l'espoir d'un traitement spécial. Rajinder Paul Singh a indiqué au tribunal qu'il avait été condamné à trois reprises pour contrebande et fraude et qu'il risquait d'être expulsé.
«Ce que vous voulez, c'est ne pas retourner en prison et rester (aux États-Unis)», a argué Thomas Plunkett, avocat de Harshkumar Patel.
Steve Lambert, La Presse Canadienne